Les locaux  abritant les militaires et  les différents services du Fort d Bron sont constitués de casemates juxtaposées, construites selon le même principe. Des murs en pierre taillée verticaux dits « piédroits » supportent la voûte de chaque casemate-logement. Cette voûte maçonnée est  réalisée à l’aide d’un coffrage en bois que l’on démonte après la prise du mortier. Elle recevra ensuite un revêtement bitumineux d’étanchéité puis une épaisse couche de terre.

Les casemates-logements du cavalier

Un casernement à deux niveaux s’abrite sous le cavalier du Fort. Sa  façade s’étale en 13 travées le long de la cour du cavalier. Les pilastres des piédroits font saillie et participent ainsi à l’ornementation de la façade. Les chambrées, lieu de vie des soldats, sont situées à l’étage, aux dessus des casemates abritant les différents magasins. 

La façade du casernement du cavalier soulignée par les pilastres des piédroits limitant les différentes travées
La façade du casernement du cavalier soulignée par les pilastres des piédroits limitant les différentes travées

Les chambrées

L’accès à l’étage se fait par des escaliers débouchant au fond des casemates sur un long couloir qui longe les chambrées.

escalier permettant l’accès aux chambrées
Escalier d’accès au premier niveau
Couloir d’accès aux chambrées du casernement du cavalier du Fort de Bron
Couloir d’accès aux chambrées

Le couloir est éclairé par des cages-appliques dont les supports dans le mur sont toujours présents (Mise en lumière ci-dessous lors de la visite du Fort de Regret nov. 2023 avec une de leur cage-applique)

Chaque chambrée est couverte par une voûte de 6 m de large, en maçonnerie d’1 m d’épaisseur.

Casemate logement du casernement du cavalier du Fort de Bron
Une casemate-logement abritant une chambrée

La voûte, d’une  hauteur sous clef  de 3,50 m, prend appui à une hauteur de 2,30 m sur des piédroits de 1 m à 1,50 m  d’épaisseur.

Cette hauteur permet d’adosser perpendiculairement à chaque piédroit une rangée de lits.

Coupe d’une casemate et positionnement du lit à 2 étages [1]

Chaque chambrée permet l’installation de 14 lits doubles à deux étages, soit 56 hommes.  Un passage central est conservé entre les deux rangées de lits.

lit à 4 places école d'application de l'Artillerie et du Génie - Goetschy -1884)
Lit à 4 places (source : école d’application de l’Artillerie et du Génie – Ameublement – Goetschy -1884 [2])
Plan d'une chambrée au Fort de Bron
Plan d’une chambrée selon le document du projet initial (Extrait d’après archives SHD)

Répartition des chambrées selon les 13 travées du projet initial:

Plan de la caserne du cavalier du Fort de Bron
Plan avec localisation des différentes chambrées du casernement du cavalier
  • 9 chambrées (n° 35 à 43) de 56 soldats d’’infanterie soit 504 hommes
  • 1 chambrée (n°44) pour  28 sous-officiers artilleurs et d’infanterie
  • 3 chambrées (N° 45 à 47) de 56 soldats d’artillerie soit 168 hommes

Assainissement des chambrées

Trois ouvertures  percées dans la façade donnant sur la cour du cavalier permettent l’accès de la lumière jusqu’au fond de la casemate. Afin d’assurer aux hommes un cube d’air suffisant une bouche d’aération  contribue à l’assainissement de la casemate.

Façade du casernement du cavalier du Fort de Bron
Façade et ouvertures d’une casemate

Le mur de fond de chaque chambrée, constitué d’une cloison de 11 cm d’épaisseur en briques,  est percé de deux fenêtres et d’une porte à deux battants s’ouvrant sur le couloir de circulation. Le vitrage de ces ouvertures laisse pénétrer dans le  couloir de circulation la lumière provenant de la chambrée.

Chambrée du casernement du cavalier du Fort de Bron
Mur de séparation de la chambrée avec le couloir
Briques de la cloison

La profondeur de la chambrée est limitée à 17 m afin que la lumière et l’air arrivent suffisamment jusqu’au fond. Une bouche d’aération en partie supérieure du mur du fond assure la circulation de l’air entre la chambrée et le couloir de circulation.

Dans le couloir, des puits de lumière assurent l’éclairage mais aussi l’aération des casemates.

A noter sur le mur du couloir, la présence de l’acronyme allemand L.S.R. (LuftSchutzRaum), la flèche indiquant la direction de l’abri anti-aérien, datant de l’occupation du Fort par les soldats allemands lors de la Seconde Guerre mondiale.

acronyme allemand L.S.R. LuftSchutzRaum de l'abri anti-aérien
L.S.R. (LuftSchutzRaum) –

Les inscriptions chinoises, les barreaux rouges des fenêtres donnant sur le couloir et les portes rouges présentes sont des marques du tournage laissé par le tournage d’une fiction tournée par FR3 en 1993: les portes du ciel.

Les casemates-logements du Parados

Les casemates du Parados sont terminées en 1876.

7 chambrées accueillaient 112 soldats du Génie et 4 sous-officiers. Les officiers disposaient de leurs propres chambres.

Casernement du parados du Fort de Bron
Cour du parados – Les piédroits de chaque casemate rythment la façade

Un poêle à charbon ou à bois assurait le chauffage de ces casemates-logements.

une casemate du casernement du parados au Fort de Bron.
Une casemate du parados – la porte en fond de casemate ouvre sur un long couloir longeant les casemates du parados.
Grace à une porte, en fond de casemate, les occupants accèdent à un long couloir permettant ainsi la circulation à l’abri de la couverture de terre qui recouvre le parados .
Communication entre deux casemates-logements (casemate de l’ambulance -salle 26 du plan)
Emplacement du système de chauffage encastré dans le mur des salles

Répartition des différentes casemates

Le Commandant du Fort occupe seul une casemate particulière composée d’une chambre et d’un bureau (n°21). Juxtaposée à cette casemate, une autre casemate (n°22) était initialement destinée à abriter le télégraphe.

Cependant cette répartition, prévue pour une occupation en temps de guerre, ne fut pas suivie d’effet.

Un rapport de 1880 précise que la garnison dans le fort ne dépassant pas une compagnie, une bibliothèque d’une centaine de livres sera installée en salle 22 non occupée, rangée dans une armoire en sapin [3].

Si en 1894 cette répartition théorique en cas de guerre restait d’actualité, la réalité de l’occupation correspondrait à la répartition suivante [4]  :

  • Salles inoccupées : 10 -11-12 -13 – 15- 18 – 20 –
  • Casernier : 14
  • Munitions gargousse : 16- 22- 23-
  • Matériel télégraphie : 17
  • Matériel : 19-24-25-26-27-28 –
  • 1 officier : 21
  • Gardien : 29

A noter que la numérotation actuelle utilisée est entièrement inversée. (Plan)

La couverture des casemates du parados

A l’origine les casemates du Parados sont recouvertes par une épaisseur de terre afin de les protéger des projectiles éventuels. Un rapport du mois de décembre 1879 (2ème partie), montre qu’une couverture de tuiles viendra compléter le dispositif afin d’éviter les infiltrations d’eau.

(Voir l’anecdote de la détérioration de cette couverture de tuiles par un mulet en février 1894).

Cour du parados et couverture de tuiles en 1978 ©archives AFDB
État de la couverture du casernement du Parados en 2003

2006- La couverture de tuiles a été démontée lors des travaux d’étanchéité suivis de la pose d’une géomembrane de protection et d’un engazonnement de la nouvelle couverture végétale.(Voir géomembrane doc-1 et doc-2)

La couverture du casernement du parados (la cour du parados en contrebas sur la droite du document, les cheminées des casemates sur la crête)

Sources: