Les locaux abritant les militaires et les différents services du Fort d Bron sont constitués de casemates juxtaposées, construites selon le même principe. Des murs en pierre taillée verticaux dits « piédroits » supportent la voûte de chaque casemate-logement. Cette voûte maçonnée est réalisée à l’aide d’un coffrage en bois que l’on démonte après la prise du mortier. Elle recevra ensuite un revêtement bitumineux d’étanchéité puis une épaisse couche de terre.
Les casemates-logements du cavalier
Un casernement à deux niveaux s’abrite sous le cavalier du Fort. Sa façade s’étale en 13 travées le long de la cour du cavalier. Les pilastres des piédroits font saillie et participent ainsi à l’ornementation de la façade. Les chambrées, lieu de vie des soldats, sont situées à l’étage, aux dessus des casemates abritant les différents magasins.
Les chambrées
L’accès à l’étage se fait par des escaliers débouchant au fond des casemates sur un long couloir qui longe les chambrées.
Le couloir est éclairé par des cages-appliques dont les supports dans le mur sont toujours présents (Mise en lumière ci-dessous lors de la visite du Fort de Regret nov. 2023 avec une de leur cage-applique)
Chaque chambrée est couverte par une voûte de 6 m de large, en maçonnerie d’1 m d’épaisseur.
La voûte, d’une hauteur sous clef de 3,50 m, prend appui à une hauteur de 2,30 m sur des piédroits de 1 m à 1,50 m d’épaisseur.
Cette hauteur permet d’adosser perpendiculairement à chaque piédroit une rangée de lits.
Chaque chambrée permet l’installation de 14 lits doubles à deux étages, soit 56 hommes. Un passage central est conservé entre les deux rangées de lits.
Répartition des chambrées selon les 13 travées du projet initial:
- 9 chambrées (n° 35 à 43) de 56 soldats d’’infanterie soit 504 hommes
- 1 chambrée (n°44) pour 28 sous-officiers artilleurs et d’infanterie
- 3 chambrées (N° 45 à 47) de 56 soldats d’artillerie soit 168 hommes
Assainissement des chambrées
Trois ouvertures percées dans la façade donnant sur la cour du cavalier permettent l’accès de la lumière jusqu’au fond de la casemate. Afin d’assurer aux hommes un cube d’air suffisant une bouche d’aération contribue à l’assainissement de la casemate.
Le mur de fond de chaque chambrée, constitué d’une cloison de 11 cm d’épaisseur en briques, est percé de deux fenêtres et d’une porte à deux battants s’ouvrant sur le couloir de circulation. Le vitrage de ces ouvertures laisse pénétrer dans le couloir de circulation la lumière provenant de la chambrée.
La profondeur de la chambrée est limitée à 17 m afin que la lumière et l’air arrivent suffisamment jusqu’au fond. Une bouche d’aération en partie supérieure du mur du fond assure la circulation de l’air entre la chambrée et le couloir de circulation.
Dans le couloir, des puits de lumière assurent l’éclairage mais aussi l’aération des casemates.
A noter sur le mur du couloir, la présence de l’acronyme allemand L.S.R. (LuftSchutzRaum), la flèche indiquant la direction de l’abri anti-aérien, datant de l’occupation du Fort par les soldats allemands lors de la Seconde Guerre mondiale.
Les inscriptions chinoises, les barreaux rouges des fenêtres donnant sur le couloir et les portes rouges présentes sont des marques du tournage laissé par le tournage d’une fiction tournée par FR3 en 1993: les portes du ciel.
Les casemates-logements du Parados
Les casemates du Parados sont terminées en 1876.
7 chambrées accueillaient 112 soldats du Génie et 4 sous-officiers. Les officiers disposaient de leurs propres chambres.
Un poêle à charbon ou à bois assurait le chauffage de ces casemates-logements.
Répartition des différentes casemates
Le Commandant du Fort occupe seul une casemate particulière composée d’une chambre et d’un bureau (n°21). Juxtaposée à cette casemate, une autre casemate (n°22) était initialement destinée à abriter le télégraphe.
Cependant cette répartition, prévue pour une occupation en temps de guerre, ne fut pas suivie d’effet.
Un rapport de 1880 précise que la garnison dans le fort ne dépassant pas une compagnie, une bibliothèque d’une centaine de livres sera installée en salle 22 non occupée, rangée dans une armoire en sapin [3].
Si en 1894 cette répartition théorique en cas de guerre restait d’actualité, la réalité de l’occupation correspondrait à la répartition suivante [4] :
- Salles inoccupées : 10 -11-12 -13 – 15- 18 – 20 –
- Casernier : 14
- Munitions gargousse : 16- 22- 23-
- Matériel télégraphie : 17
- Matériel : 19-24-25-26-27-28 –
- 1 officier : 21
- Gardien : 29
A noter que la numérotation actuelle utilisée est entièrement inversée. (Plan)
La couverture des casemates du parados
A l’origine les casemates du Parados sont recouvertes par une épaisseur de terre afin de les protéger des projectiles éventuels. Un rapport du mois de décembre 1879 (2ème partie), montre qu’une couverture de tuiles viendra compléter le dispositif afin d’éviter les infiltrations d’eau.
(Voir l’anecdote de la détérioration de cette couverture de tuiles par un mulet en février 1894).
2006- La couverture de tuiles a été démontée lors des travaux d’étanchéité suivis de la pose d’une géomembrane de protection et d’un engazonnement de la nouvelle couverture végétale.(Voir géomembrane doc-1 et doc-2)
Sources:
- [1] Archives SHD 4V 1046
- [2] Accés sur Gallica –école d’application de l’Artillerie et du Génie – Ameublement – Goetschy -1884
- [3] procès verbal de conférence au sujet de l’installation de livres – 30 janvier 1880 – Archives FDB
- [4] d’après les recherches transcrites par M. Jean François Brunet (président honoraire de l’association du Fort de Bron)