Afin de compléter le dispositif de défense de la plaine de l’Est lyonnais, l’État-major décide en 1877 de construire deux batteries en appui du Fort de Bron. La batterie de Parilly sera érigée au sud de la commune et la batterie de Lessivas au nord.
La batterie de Parilly
En 1877, les vignes et des champs labourés occupe le site de Parilly. Du haut des 215 mètres d’altitude, la vue est alors très dégagée. L’implantation d’une batterie sur ce site a pour but d’arrêter un ennemi qui arriverait par la route d’Heyrieux, de couvrir les pentes qui échappent à la vue du Fort de Bron et de diriger le feu des canons vers les voies ferrées existantes dans la plaine.
Les travaux de construction sont adjugés le 27 décembre 1877 à des entrepreneurs de la région, Jacques Lacour et Joseph Girard (Voir l’autorisation de délivrer des acomptes à l’entrepreneur J. Lacour le 28 juin 1878 pour les batteries de Lessignas et de Parilly [1]) en . Printemps 1878, après l’expropriation des propriétaires des terrains, le chantier démarre. Les travaux se terminent en 1880.
La batterie peut alors accueillir 150 hommes. L’enceinte ovale protège une caserne de cinq chambrées, une cuisine, un puits d’un débit de 13 m³ par jour et un entrepôt à poudre. Son armement est doté de 7 canons de 120.
Quelques bornes militaires délimitent encore les terrains acquis par l’armée autour de la fortification lors de la construction.
Les bornes de propriété militaire ou d’emprise militaire sont des balises de forme octogonale, en pierre massive à embase enterrée, servant à délimiter les terrains acquis par l’armée autour de l’édifice militaire.
Les bornes de servitude militaire sont des balises en pierre de forme carrée servant à réglementer ou interdire les constructions sur les terrains acquis par l’armée autour des fortifications militaires du XIXème siècle.
Lors de la Première Guerre mondiale, la batterie de Parilly abrite, en cantonnement, des militaires du 2ème groupe d’aviation. Mais en septembre 1923 la batterie est déclassée.
Le site de la batterie n’en est pas pour cela abandonné, voir la présence de l’École d’instruction de Lyon sur les lieux le 17 mai 1924
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, nommée la « 121e batterie », elle est intégrée à la Défense aérienne du territoire dont l’État-major est installé au Fort de Bron. Un blockhaus ayant été rajouté, elle participe à la défense de l’aéroport de Bron équipée d’un canon de 75. Lors des bombardements allemands du 10 mai 1940, la défense aérienne de Lyon abat un bombardier bimoteur Allemand, un Heinkel 111dont les 5 membres d’équipage sont faits prisonniers . Par tirage au sort, c’est la batterie de Bron-Parilly, qui se voit attribuer une victoire.
Après la guerre, l’armée met les casemates à disposition de l’association des Amitiés africaines, pour servir de logements à plusieurs familles. Le département du Rhône rachète l’ouvrage en 1958, afin d’intégrer les terrains au parc de Parilly. Les bâtiments sont ensuite en partie détruits (voir photo aérienne ci-dessous en 1962) avant d’être enfouis sous terre.
Sur la photo aérienne de 1962, il est facile de repérer les lieux du casernement, du magasin à poudre et les cinq traverses-abris flanquées de leurs bras de traverse.
En juin 1998, une visite exceptionnelle menée par M Pascal Goubier, le directeur du Parc de Parilly, offre un aperçu des locaux enfouis sous la terre à un groupe de riverains et de membres de l’association du Fort de Bron. La descente s’est faite par un trou d’accès au niveau d’une évacuation d’artillerie. Voir l’article du Progrès du 7 juin 1998
Un couloir d’une soixantaine de mètres conduit au magasin à poudre. Un escalier peu praticable permet d’atteindre les plus grandes salles.
Actuellement le promeneur du parc de Parilly retrouve les vestiges de cette ancienne batterie près du château d’eau qui domine le parc.
La batterie de Lessignas (ou de Lessivas)
Placée sur le plateau de Bron, au Nord du Fort, différentes parcelles de terrains sont achetés dés 1978 [2] afin de construire cette nouvelle batterie qui a pour but d’étendre la défense sur la plaine de l’Est lyonnais. Sa conception est très proche de celle de Parilly.
La batterie est construite entre 1878 et 1880. Le casernement est prévu pour une garnison de 150 hommes.
Son armement, approuvé le 25 juillet 1880, prévoit 7 canons de 120. Sur le flanc gauche, 3 pièces d’artillerie couvrent la plaine en avant de Cusset. De face, 3 autres canons pointent sur Chassieu et Décines. La route de Chambéry est couverte par 2 pièces d’artillerie placées sur le flanc droit.
« Les contrescarpes des batteries de Lessignas et de Parilly, ont été creusées dans un terrain exceptionnellement compact. il est constitué par des couches de graviers enveloppés d’argile ou de sable fortement tassé. On a point fait de revêtement. Les terres ont été maintenues à l’inclinaison de 3/1. Une double haie de troènes a été plantée à 0,30m du sommet des contrescarpes afin de maintenir les terres végétales des couches superficielles. … » – Le capitaine du Génie Nègre le 23 décembre 1879 – Archives AFdB
Durant la Première Guerre mondiale, les chambrées abritent des troupes affectées à la nouvelle base aérienne implantée sur le glacis du Fort de Bron. Les casemates serviront également de logements après la Seconde Guerre mondiale.
Actuellement les vestiges de la batterie sont enfouis sous les espaces verts d’une copropriété construite entre 1966 et 1970 nommée « le Lessivas », le nom gardant ainsi la mémoire de ce lieu historique.
Sources