Le samedi 25 janvier 2019, visite du fort de Vancia par les adhérents de l’association du Fort de Bron, de la SLHADA et du Musée d’Histoire Militaire de Lyon . Le fort de Vancia est un ancien ouvrage militaire construit de 1872 à 1878 sur le territoire des communes de Sathonay-Village et de Rillieux-la-Pape dans le quartier de Vancia, au nord de Lyon.
Le fort de forme pentagonale couvre environ 18 hectares. Il s’inscrit dans la deuxième ceinture défensive de la ville de Lyon, fortifiée par Séré de Rivières. Son plan est proche du plan du Fort de Bron.
L’accès au fort était contrôlé par un ravelin incorporé à la roche.
Le pont permettant de franchir le fossé sec a été reconstruit. A l’origine, le pont était constitué d’une partie fixe dite dormante et d’une partie mobile que l’on faisait glisser sur des « galets » pour se raccorder au pont dormant. Les défenseurs escamotaient cette partie en cas d’attaque.
Derrière le pont, la caponnière de gorge est double : elle protège les deux côtés du fossé.
M. Jean François Lièvremont de Limonest-Patrimoine et le SIVU Rilleux-Sathonay (Syndicat intercommunal pour la gestion du fort) ont accueilli le groupe. Outre l’intérêt de la fortification du système Séré de Rivières du Fort de Vancia, ce lieu a abrité les premiers essais d’une fusée française.
Nous avons pu observer dans les fossés enserrant le Fort une partie de la modeste infrastructure qui a servi aux essais (Voir photo jointe).
M. Pierre Lussignol, vice-président de la SLHADA , participant à la visite, nous a fourni à ce sujet des explications: pendant que Werner Von Braun disposait de la base de Peenemünde pour mettre au point le V2, Jean-Jacques Barré , sous couvert d’une société civile, testait sa fusée EA 41 dans les fossés du Fort de Vancia.
Il s’agit de la première fusée française à comburants liquides ( et non à poudre) : ether de pétrole et oxygène liquide.
Les essais ont été menés sous couvert du Service central chargé de la surveillance des approvisionnements . En fait il s’agissait de la Section Technique de l’Artillerie qu’il fallait camoufler aux yeux de l’occupant . Les expérimentations étaient présentées comme celles d’un « gazo-générateur » destiné aux gazogènes des véhicules.
Quatre tentatives de lancement ayant échoué au camp du Larzac des essais sur banc fixe eurent lieu à Vancia de juillet à novembre 1942. Une poussée de 650 kg fut obtenue pendant une durée de 1 à 10 secondes .
Des informations détaillées sur le rôle de Jean-Jacques Barré sont fournies par M. Pierre Lussignol (SLHADA) :
On peut penser que les 2 fosses maçonnées servaient à l’évacuation de la fumée de combustion, la fusée étant fixée au-dessus. Il s’agissait d’un banc d’essai pour mesurer la poussée. Il n’était pas question d’envol . La fusée est exposée au musée du Bourget.
Une plateforme métallique est également visible sur le haut du mur : Il pourrait s’agir d’un pas de tir de la fusée EA-41 de Jean-Jacques Barré, installé durant l’été 1942. Cette installation métallique au-dessus du fossé permettrait à la flamme de combustion de ne pas faire exploser le moteur comme lors des essais précédents.
La visite s’est poursuivie par la découverte des autres parties du Fort : cavaliers, traverses-abris, latrines, chambrées, caponnière et voies de circulation.
Le fort avait une capacité d’accueil de 800 soldats en temps de guerre répartis dans deux casernes à deux niveaux soit 16 000 m2. Il possédait en plus des chambrées et des arsenaux, deux écuries, quatre cuisines, une boulangerie, quatre puits, un réservoir d’eau, un lavoir, une infirmerie, une forge. Il était armé d’une cinquantaine de canons.
Des puits de lumière permettaient de se diriger à l’intérieur en temps de paix. En temps de guerre, les puits étaient refermés et recouverts de sacs de terre. Le principe de fermeture des puits est différent de celui observé au Fort de Bron : les saillies de pierre ayant pour fonction de placer la fermeture du puits sont très visibles ici dans la partie inférieure du puits (voir photo).
Au cours de la visite, des contacts entre les différents participants de cette rencontre sont pris pour prolonger les échanges.